
1913 Alfredo Müller peint en Sicile.
… après l’aventure éphémère de l’académie de billard créée à Bordeaux à l’invitation du propriétaire de l’Hôtel des Princes et de la Paix, interrompue en juin 1913 par la vente de l’hôtel à une banque, Müller, ruiné, retrouve à Paris ses amis sportifs qui lui permettent de réaliser son rêve: partir en Sicile, peindre la lumière et l’exposer à Rome à la 2e exposition de la Sécession à laquelle il est invité. Ses amis, Henri Desgrange, Geo Lefèvre, Charles Faroux, etc. paient le voyage et sont remboursés en toiles siciliennes (Cf. André Warnod, Comoedia, 20 janvier 1914). C’est en Sicile que Müller commence une réflexion sur l’architecture, la couleur et la lumière qu’il prolongera en Toscane dans les années 1905-1918.
Plusieurs toiles siciliennes sont donc exposées lors de la Seconde Sécession de Rome en 1914. Quatre d’entre elles, achetées par un collectionneur anglais, puis acquises aux enchères en 1932 par le mécène John George Graves, sont aujourd’hui la propriété du Musée des Beaux-Arts de Sheffield.
Parmi elles, Il tempio della Concordia Girgenti, huile sur toile 80,6 x 70,1 cm, signée et datée en bas à gauche ‘A. Müller 1913’. P6.2 dans le catalogue raisonné de la peinture (2017)

1914 Rome, II Exposition de la Sécession.
Alfredo Müller y est exposé dans la section française avec Cézanne et Matisse. Pissarro e Cézanne, 170 x 110 cm, a une valeur déclarative: l’artiste désormais français énonce ses maîtres, Camille Pissarro et Paul Cézanne. La photographie de la toile (qui semble signée et datée en bas à gauche ‘Müller 11’) est tirée du catalogue de l’exposition. La toile a été récemment retrouvée en France, elle a vécu beaucoup d’aventures malheureuses, elle est très dégradée, mais l’espoir demeure de la restaurer.

1914-1932 Florence, peintre toscan.
Après l’exposition de la Sécession à Rome, le couple Müller se rend en Toscane où Alfredo Müller retrouve ses amis. Il n’a pas vendu, il ne vend pas non plus les petites peintures confiées à son ami Benvenuto Benvenuti pour être proposées à Livourne. Les Livournais boudent encore celui que le maître des Macchiaioli avait ostracisé pour sa peinture trop française en 1890-1895, puis Müller avait émigré à Paris avec les siens pour cause de ruine familiale. A Florence, par contre, si certains rejettent celui qui est devenu français en 1910, il compte encore beaucoup d’amis, au premier rang desquels Eduardo Gordigiani, le fils de son maître Michele Gordigiani, avec qui il peint dans le grand atelier de la place Donatello. Ugo Ojetti, le critique d’art et directeur du Corriere della Sera, apprécie celui qui a initié les jeunes peintres toscans à l’impressionnisme en 1890 et qui revient, 25 ans plus tard, riche de l’enseignement de Cézanne. Ugo Ojetti souhaite que la première toile achetée pour la nouvelle Galleria d’Arte Moderna de Florence soit une toile de Müller.
Todi (ou Paesaggio toscano), peinte en 1914, 84 x 91 cm, est acquise pour la GAM de Florence en 1915 par un groupe de trois experts présidé par Ugo Ojetti. Inv. 145436

1918-1926 Arlequinades.
Alfredo Müller met en scène les personnages de la Commedia dell’Arte dans plusieurs séries de toiles de 90 x 90 cm environ, dont la destination (décorative) n’est pas toujours connue. Elles apparaissent dans les expositions italiennes à partir de 1919.
L’intérêt de Müller pour ‘les masques’ de la Commedia dell’Arte n’a pas attendu son retour en Italie. La ‘préhistoire’ française est cependant mal connue. Les Masques, ci-contre, esquisse peinte sur une planche de bois, signée et datée ‘Müller 14’, reprend pour son frère Rodolphe les visages éclairés par les feux de la rampe de La dichiarazione de 1913.
© Les Amis d’Alfredo Müller.