Alfredo Müller, un toscan aux racines internationales…

Le peintre et graveur que l’histoire de l’art appelle Alfredo Müller est issu de la société internationale installée dans le port franc de Livourne, en Toscane. Il est de nationalité suisse (Herisau, canton de l’Appenzell des Rhodes Extérieures), puis française (à partir de 1913).
De son vivant, on le nomme Alfredo Müller ou Alfredo Muller en Italie, Alfred Müller ou Alfred Muller en France.

Dans les familles internationales de Livourne, on parle plusieurs langues. Comme ses six frères et soeurs (il est l’aîné), il maîtrise l’italien, le français, l’anglais et l’allemand, est initié aux arts, à la musique et aux lettres et pratique le sport. Son frère cadet Rodolphe devient champion cycliste: inscrit comme seul italien au premier Tour de France, il finit à la quatrième place.

1903. A l’arrivée. Rodolphe au centre, avec son bouquet. Alfred(o) à droite en pantalon blanc © Les Amis d’Alfredo Müller

Amelia Evans est l’une de ses bisaïeules. Née à Philadelphie en 1744, elle est la filleule de Deborah Franklin, la femme de Benjamin. Son père, Lewis Evans, premier géographe des provinces britanniques du Middle-East et physicien, collabore aux recherches scientifiques de son ami Benjamin Franklin. Après bien des aventures, Amelia, orpheline très jeune, élevée dans un milieu quaker, cultivée et libre, épouse un capitaine de la marine marchande irlandaise, David Barry. David Barry connaît bien le port de Bordeaux dont il transporte le vin en Irlande et en Méditerranée pour le compte des exploitants irlandais du Médoc, auprès de qui son frère Thomas est expert en oenologie. Mais c’est à Tunis où elle devient préceptrice des filles du consul britannique Thomas Traill qu’Amelia Evans fait la connaissance de David Barry. C’est une longue histoire… Bref, quelques années après la mort de son mari en 1781 à Pise, Amelia s’installe à Hythe, près de Southampton. Elle devient écrivain, mais ses ouvrages, publiés anonymement comme il seyait alors à ces dames, sont difficiles à repérer… sauf Memoirs of Maria, a Persian Slave, ouvrage publié à Londres en 1790, avec une longue liste de souscripteurs… de Livourne. Son courrier, abondant et instructif, à Benjamin Franklin, aux époux Traill ou à son amie Martha Hill Moore est conservé par l’American Philosophical Society à Philadelphie, le Foreign Office à Londres et la bibliothèque du Haverford College en Pennsylvanie.

Cf. Hélène Koehl et Matteo Giunti, « Amelia Evans Barry (1744-1835) ou quand Livourne décidait d’un destin de femme et d’écrivain », Nuovi Studi Livornesi XIV, 2007, p. 95-118.