Alfredo Müller (Alfred Muller), Clair de lune. 1899, huile sur toile 81 x 65 cm. Ancienne collection du marchand Georges Thomas. Collection privée.
© Les Amis d’Alfredo Müller

Œuvres

« Alfredo Müller? Excusez-moi mais je ne connais pas ! » Si c’est votre cas, ne vous inquiétez pas, que vous soyez amateur ou professionnel, chercheur en art ou conservateur, vous n’êtes pas le seul.

Alfredo Müller, le toscan né à Livourne où il a vécu jusqu’à l’âge de 25 ans, qui a vécu à Florence de 44 à 63 ans, parisien de 25 à 44 ans, puis durant ses dernières années de 63 à 70 ans, a toujours peint. « A la française » ont dit les critiques italiens, ce qui à cette époque nationaliste et identitaire l’a desservi.

En 1914, se tient à Rome la seconde exposition de la Sécession. Dans le bimensuel Pagine d’Arte, le chroniqueur présente les délégations étrangères: pour les français, Albert Besnard, et puis Cézanne, Matisse et Muller…
Muller, devenu français, s’est alors durablement installé en Italie et le peintre Muller, actif en France pendant 20 ans, objet d’extraordinaires polémiques pour l’héritage cézannien que sa peinture révèle, exposé par Léonce et Paul Rosenberg, a purement et simplement disparu des écrans de l’histoire de la peinture française.

Le sort du peintre qui, à partir de 1924 et pour diverses raisons, est enfin pris en considération par la critique officielle italienne a failli être le même. N’avait-il pas choisi de quitter l’Italie fasciste en 1932?
Au hasard des successions, un lot d’une douzaine d’arlequinades admirables peintes entre 1918 et 1926, ont resurgi au début des années 1970 et, avec elles, l’intérêt de la critique et des chercheurs italiens pour le peintre.

Il est sans doute temps de donner à l’artiste l’identité européenne dont il s’est fait l’apôtre. C’est l’un des objectifs de l’association Les Amis d’Alfredo Müller qui milite pour l’acquisition de peintures de l’intéressante période française par les musées français qui à ce jour n’en possèdent aucune.

Sa gravure, par contre, est totalement parisienne. Ses très nombreuses eaux-fortes en couleurs sont des commandes de ses éditeurs Ambroise Vollard d’abord, puis Edmond Sagot, Pierrefort et d’autres. Un moyen de subsistance pour un jeune artiste, un émigré sans le sou depuis que la maison de commerce de son père a été ruinée en 1890 par le krach de la Banque de Livourne. Un noyau représentatif de son œuvre gravé est désormais conservé à la Bibliothèque nationale de France et dans d’autres musées.